Le goût sucré de la vie

Mon ventre était en fortes contractions. Je n'en pouvais plus de souffrir mais je n'avais qu'une chose en tête, tenir mon enfant dans mes bras.

Son coeur s'est mis à décélérer. La chambre s'est alors remplie d'intervenants médicaux.

- Madame, nous autorisez-vous à utiliser la ventouse?
- N'importe quoi, ouvrez-moi le ventre à froid mais je veux que mon enfant vive!

Une poussée et il était là, sur mon ventre, tout bleu et inanimé. Il a soudainement expulsé du liquide de ses voies respiratoires et a enfin respiré. Apgar de 4.

Dans tout ce tourbillon autour de nous, je l'ai touché pour le rassurer et je lui ai murmuré à l'oreille: Tu vas voir mon amour, la vie est belle!

Puis on me l'a arraché des bras pour le masser sous une lampe chauffante.


J'ai toujours été une gourmande du bonheur, une épicurienne dans l'âme, une jouisseuse de la vie et cela s'est perpétué même lors de cette première rencontre, qui aurait pu être la dernière, avec mon premier enfant.

J'ai alors ressenti la très forte pulsion de transmettre à ma progéniture le goût de vivre, le goût de mordre dans la vie, de la déguster. La vie est tellement belle!

Mes enfants m'ont ancrée avec amour dans l'instant présent et je leur en suis tellement reconnaissante! Grâce à eux et maintenant, avec eux, je me fais un devoir de noter tous les bonheurs qui nous entourent.

Le soleil qui brille avec tant d'ardeur en cette journée de février, prendre le temps d'inspirer profondément l'air pur dehors, s'émerveiller devant l'évolution de bébé, le goût exquis de la tartine à la confiture de framboises, le son de la machine à coudre de ma machine à coudre, l'odeur de mes petits à leur réveil, la douceur de la peau de la joue de mon chum, bref, tout cela me rend heureuse. Alors je n'hésites pas à souligner ces petits bonheurs devant mes enfants afin qu'ils puissent à leur tour aiguiser leurs sens pour découvrir leurs bonheurs à eux.

Je sais que G aime la douceur du coton, le goût du nutella, et tout ce qui est mou. Que A adore l'odeur de sa doudou, se coller sur son papa et la gomme balloune. Que O ne jure que par le goût sucré du lait de sa maman, rigole rien qu'à voir apparaître ses grands frères dans son champ de vision et mordre à pleines (2) dents dans sa girafe Sophie. Ce sont leurs petits bonheurs. Et je les aime en secret.

Ensemble, lorsque nous sortons, nous prenons une belle grande inspiration et regardons autour de nous. Oh! Voilà la lune qui apparaît là-bas! Elle est magnifiquement ronde! Ah! que la montagne est belle! Avez-vous vu le cardinal là-bas, comme il est beau!

Avant les repas, G nous demande que l'on se tienne tous par la main afin de respirer calmement un peu avant de débuter notre repas. C'est une pause magique!

Peut-être suis-je un peu M au pays des merveilles mais je m'assume! J'ai le goût du bonheur , j'aime le goût sucré de la vie et je n'ai qu'une chose en tête: cultiver ces petits et grands bonheurs afin de transmettre cette joie de vivre aux générations qui me succéderont!